Ils se mirent tous en route pour cueillir les herbes et fleurs nécessaires. La forêt regorge de plantes odorantes et calmantes, mais on doit être prudent et bien connaître les particularités de toutes. Certaines contiennent des saponosides et des cardiotoxiques... On les utilisera avec parcimonie, l'idée étant d'incommoder l'affreux bonhomme, pas de le tuer! Au centre d'une clairière, Ava tend son grand panier à droite et à gauche, recueillant les offrandes des bêtes traumatisées. Une sereine incantation se fait entendre, tous libèrent la peur qui les étreint en une prière d'espoir, celle que la paix règne enfin sur leurs demeures.
Des grains de lin, des grains de café, fanes de carottes, feuilles de lauriers, des racines de pissenlit, des boutures de béluga, une paire d'ailes d'éphémère, mais non voyons! De l'eau de rose, beaucoup d'eau de rose... Ah oui, on peut y ajouter du jus de lilas et quelques brins de muguet. Ça doit parfumer, fleurer le sent-bon rassurant de grand-mère dans toute la forêt. Pas de sang, pas d'os, pas de cuir, rien n'embaumant la mort, que des fleurs et fruits, que des produits de la terre, des produits de vie, les enfants comestibles de la planète, offrant bon teint et santé de fer! Parlant de fer, oui, des minéraux sont nécessaires, cuivre, calcium, magnésium et bien sûr un peu de sel. Et on laisse bouillir, frémir jusqu'à épaississement certain.