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Mémé attaque - pis je parle presque plus de la polémique que du livre

On se rapellera ma visite en Haïti, après l'invitation lancée at large par Mémé attaque Haïti à la fin de l'été 2012.

J'ai passé une superbe semaine dans un lieu où je n'aurais pas mis les pieds (becoz les média) juste parce qu'une fille de mon coin de pays a eu le guts de s'y installer pour une année!  C'est pas rien, passer une année en Haïti... et c'est là que ça déraille!!  Ça déraille oui, parce qu'il y a des gens qui vivent en Haîti, de leur naissance à leur mort, et c'est rien, c'est juste leur vie... Alors, passer une année dans ce pays, faudrait que ça fasse les manchettes?  Pas sûr!  Mais oui, ça impressionne les Blanches lambda comme moi qui y voient le summum de l'exostisme mis à leur portée.  Est-ce que je connais Haïti?  Pantoute!! Et j'ai le sentiment qu'y passer le reste de ma vie ne changerait rien à ce constat.

Mémé vient de nous sortir un second livre sur son récent séjour en Haïti, intitulé comme son blogue quand le voyage a débuté: "Mémé attaque Haïti".  Et oui, Mémé attaque réellement Haïti, avec tout l'amour du monde, Qui aime bien châtie bien, qu'on dit. et quand on aime, on se permet des franchises et des impolitesses qui ne passeraient pas auprès de gens dont on a rien à cirer.  Eille, regarde-moi ben là, Mémé adore Haïti et les Haïtiens, c'est pas une raison pour qu'elle les baise tous, puisque les trois lignes relatives à ses préférences en matière d'odeur, de forme et d'approche masculines semblent être les plus à même d'amener les 'ceux qui l'ont pas lu' à s'exprimer!

Marie nous relate ses aventures haïtiennes, son vécu à Lacou David, le quotidien de ses voisins, la vie ordinaire à Jacmel, les difficultés qu'une Blanche doit affronter ainsi que les grands défis que les Haïtiens doivent surmonter après le séisme de 2010.  C'est unique, rafraîchissant, des fois drôle, des fois méchant, souvent touchant, c'est Marie!

Je n'ai pas tout lu "Mémé attaque Haïti", je n'en suis qu'à la moitié.. Mettez ça sur le fait que quand je sors avec mon fils, je bois toujours trop, pis que je pars demain pour la Rep. Dom. dans un resort avec ma mère et ma fille, ben oui, elles adorent, je les priverais pas d'une semaine de plaisir.  Pis aller en Haïti, ben Transat fait des pieds et des mains pour rendre ça difficile et cher, donc, on va au plus facile parce que je parle pas créole non plus.  Pis vous pouvez me lancer des tomates, comme à Mémé... M'am me faire des sandwichs.

Je connais Mémé, je peux pas dire que c'est une amie, c'est une connaissance et une femme pour qui j'ai beaucoup d'estime.  J'ai passé une semaine à la regarder vivre en Haïti, parce que je suis comme ça, je regarde, je parle pas beaucoup, j'observe, je ressens et je fais pas de vague sauf si j'ai trop bu, mais je me suis retenue donc j'ai été sage comme une image et j'ai tout vu, fondue dans le décor.  J'ai vu une fille en osmose avec les lieux, les gens, une fille qui trippe et qui veut vivre à plein, une fille qui aime mais qui se laisse pas avoir par les misères de Pierre Jean Jacques (c'est ma job à moi, ça).  Jusqu'à présent, son livre, je l'aime, c'est elle, c'est son vécu, son expérience personnelle et pas la mienne, je le prends comme ça.  Je peux pas dire que j'ai eu les même impressions de ce pays, je n'y ai pas été assez longtemps, mais en gros, je suis avec elle dans son propos, appelez ça du parti pris, c'est ben correct, entre Blancs, on se serre les coudes tout comme entre Noirs.   Mais j'ai vu une fille qui aidait, à sa mesure, les gens de son entourage, qui prenait plaisir à échanger avec les autres, qui aidait qui elle voulait et pas qui la 'morale' ou la 'bienséance' dictait.  Mémé n'est pas raciste, loin de là, elle aime des individus, pas une race, je pense même pas qu'elle voit ça comme ça, mais son affection se pose sur des gens qui lui sont chers pour une raison ou une autre, comme nous tous!  Pis, y en a d'autres qu'elle aime moins, les cons entre autres et la connerie n'a pas de couleur!

Il y a quand même un truc que je veux souligner.  Sa critique des Haïtiens peut sembler dure et j'admets qu'elle l'est souvent.  Les réactions de certaines personnes de la communauté haitienne sur Facebook me surprennent à moitié.  C'est certain que pour eux, il y a le 'déséquilibre du pouvoir' qui entre en ligne de compte.  Oui, Mémé critique autant les Blancs, la seule différence c'est qu'elle est une Blanche qui voyage, qui va et vient, qui a des moyens hors de portée pour plusieurs personnes dans ce pays.  Son 'pouvoir' est de beaucoup supérieur à celui des ces gens, et c'est là que ça blesse.  Tu fesses sur quelqu'un de ta taille, ça passe ( ses critiques des Blancs ne font pas piper!), tu fesses sur quelqu'un à terre, c'est moins cool.  Et je pense que c'est ce qui pose ici problème.  Les Haïtiens qui se sentent offensés le sont par des propos qui ne relatent que des expériences personnelles, des opinions, rien de coulé dans le ciment.  "J'aime pas les Inuits, ils sentent le phoque!  J'aime pas les Allemands, ils sentent la choucroute!!"  Y en a pas de problèmes dans les faits mais il y a un déséquilibre du pouvoir perçu, là est le problème, la est la perception d'offense.  Et perçu est ici un mot important.  C'est ben certain qu'en étant une Blanche du Québec qui s'amène en Haïti, la perception du colonialisme est ben ben proche, mais crisse, c'est juste pas ça, y a qu'à lire ce qu'elle écrit sur Gogo, son ami et voisin des premiers jours!  Et pis, on a vécu le colonialisme au Québec aussi, ça devrait compter.  La perception des moyens financiers du Blanc est aussi en cause, c'est ben certain qu'on a plus de moyens financiers que plusieurs Haïtiens, mais de là à être riche, il y a un fichu de gros pas.  Et pis, la crise au sujet de la raison de sa première venue en Haïti (elle voulait de l'aide pas cher pour s'en sortir avec ses quatre enfants) est tellement mais tellement biaisée! Non mais au lieu de crier à l'exploitation, pourquoi ne pas voir ça comme de la création d'emploi?  Elles auraient fait quoi de mieux, les nounous, sans ce job?  Ah, ben c'est ben plus facile de critiquer!!
Mais je comprends la dynamique du déséquilibre du pouvoir, et on la voit à l'oeuvre dans certaines réactions entourant la sortie de ce livre.  Ça m'étonne même pas, ce pays est tellement exploité par tous les autres pays de la planète que tout peut certainement prendre un air louche, même les meilleures intentions. Et pis, on peut le dire, en tant que Blancs, on a tort en partant!

Je m'arrête là et je finis de lire.  Mais je pense qu'il y a ici matière à réflexion d'un coté comme de l'autre.  Les Haïtiens, aimeriez-vous mieux quelqu'un qui vous dit que vous êtes beaux, fins, smarts pis toute pis toute, quitte à vous faire enfirouaper? Ah, ça fait du bien à l'égo, je sais, mais est-ce utile? Est-ce louable?  Et de notre coté, on peut certainement se demander si toute vérité est bonne à dire? Tout le temps?

Il y a une phrase dans le livre de Marie qui résume tellement bien cette situation:

 -"Je l'aimais tendrement, dit-il, mais elle n'a pas su apprécier mon honnêteté". (p. 216)

On ne peut que souhaiter que l'appréciation viendra, quand tous auront lu avant de crier au loup et auront compris qui est vraiment Marie!

À lire absolument, avant de se prononcer:  'Mémé attaque Haïti"

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